La cybernétique est une science dédiée à la recherche des lois générales qui régissent tout type de communication; cette dernière peut impliquer les hommes, les animaux, voire les machines.

La communication consiste à échanger des messages signifiants qui seront compris par leur destinataire.

Wiener est amené à distinguer le concept de message d’entrée ou input et celui de message de sortie ou output. Cette théorie duale propose de ne plus comparer les êtres en fonction de leur nature apparente mais en fonction de leur comportement effectif face aux entrées et aux sorties d’information.

Wiener a dressé une théorie de la communication dès la fin de la seconde guerre mondiale. Il a déclaré : « Pour l’homme, être vivant équivaut à participer à un large système mondial de communication ». Il pense que la communication entre les systèmes est un facteur fondamental de l’évolution sur notre planète. La communication a pris une place essentielle dans nos sociétés de part la multiplication des machines à communiquer.

La théorie de la communication est apparue en même temps que la théorie de l'information et avait pour objectif de formaliser et de simuler la relation homme-machine entre les ordinateurs naissants et leurs utilisateurs (en théorisant et conceptualisant la communication afin de l'imprégner aux ordinateurs).

Pour faire ressortir cet élément de communication, la cybernétique utilise le concept de boîte noire, ce qui permet de le distinguer de l'élément émetteur (celui qui envoie le message) et récepteur (celui qui capte l’information émise).

L’origine de la désignation « boîte noire » est apparue durant la seconde guerre mondiale; elle est liée aux techniques de communication militaire qui désigne par cette expression «des appareils ennemis capturés qui ne pouvaient pas être ouverts ».

La boîte est noire car on ne soucie pas de savoir comment l’élément émetteur ou récepteur fonctionne. On ne se soucie pas de ce qu’il émet mais seulement de savoir si l’information est bien captée par la personne à l’autre bout qui la reçoit.

SCHEMA DE LA BOITE NOIRE

 

(Schématisation : les entrées et les sorties sont représentées, mais ce qui fait le lien entre les deux est « masqué par la boîte noire »).

 

Wiener défend l'idée que «  la communication est une arme absolue contre le retour de la barbarie car la communication efface le secret, qui seul rendit possible le génocide nazi, Hiroshima et le Goulag ».

Par ailleurs, les moyens de communication peuvent contribuer à unir la planète mais aussi à la perdre. Avec la concentration de la presse, de moins en moins de personnes s’adressent à de plus en plus de gens. Cela entraîne une dégradation des esprits, de l’originalité et de l’esprit critique. Il faut donc veiller à maintenir la diversité des communications entre les hommes.

Les notions de communication et de régulation sont étroitement liées : lorsque « je » communique avec une autre personne, « je » transmets un message et quand cette autre personne communique à son tour avec moi, elle me retourne un message de même nature qui contient des renseignements accessibles d’abord à elle puis à moi. Pour vérifier que mon communication est efficace, je dois analyser les messages émanant de la personne.

b) Contrôle social et prise de décision

Le terme « contrôle social » correspond à l’ensemble des mécanismes sociaux de régulation des comportements d'individus et des groupes d'individus qui les rendent conformes aux normes et valeurs établies.

Ce contrôle peut être le fait de l’homme ou celui de la machine. Norbert Wiener se rend compte du danger que pourrait procurer la délégation du pouvoir de décision à la machine.

Il pense que l’homme peut lui confier l’exécution de procédures mais sans jamais lui faire une totale confiance parce que celle-ci n’a aucun moyen de juger les conséquences de ses décisions. Il s’oppose fermement à l’idée de machines à gouverner.

c) Cybernétique : le mot et son origine

C'est en 1948 que Norbert Wiener pose les bases des sciences cognitives. Il fonde une science, la cybernétique qui propose d’étudier les mécanismes de traitement de l’information (le cerveau, l’esprit et la machine) grâce aux mathématiques. Le terme cybernétique sera désigné plus tard comme la « science des analogies maîtrisées entre organismes et machines ». Il publie d’ailleurs un livre titré «cybernétique » en 1948.

Le mot « cybernétique » vient du grec kubernêtikê qui signifie art de gouverner un navire (mot utilisé par Platon).

Avant même la création de la cybernétique, certains principes de cette dernière étaient déjà mis en pratique en ingénierie. Ainsi, en 1859, Joseph Farcot (ingénieur spécialiste des machines à vapeur) a conçu le «  servomoteur «  pour commander le gouvernail des navires. Cette invention correspond à la définition de Platon.

Le servomoteur est un moteur conçu pour produire le mouvement précis d’un élément mécanique selon une commande externe; le servomoteur est donc un système.

 

       Exemple de servomoteur électrique monté sur une vanne dans une centrale électrique

Avec le temps, la cybernétique est devenue « l’art de gouverner les hommes » (mot proposé par Ampère-mathématicien).

La cybernétique est la base de la robotique, de l’automatique, de l’intelligence artificielle ainsi que de la théorie de l’information. Le terme cyber étant d’origine grecque, il est beaucoup utilisé aujourd’hui par le logo représentant un gouvernail et les nombreux termes qui lui ont été associés (cybercafés, cyberspace, cyber documentaliste…).

La cybernétique est utilisée dans divers domaines que ce soit dans le monde de l’économie, de l’entreprise, de la communication entre ordinateurs (INTERNET), des automates, des groupes d’individus, des réseaux…(tous ceux cités pouvant être définis comme des systèmes).

Voici un exemple d’un système cybernétique, la chaudière : on demande à la chaudière de produire une eau chaude comprise entre 25° et 35°C pour maintenir la température de la pièce à 18°. Le capteur mesure la température. Si celle-ci est inférieure à la température minimale (25°C), il envoie un message au comparateur qui laisse fonctionner la chaudière, dès qu’elle arrive à la température maximale (35°C), il envoie un message d’arrêt à la chaudière). La chaudière comme tout système cybernétique comprend un moteur, un comparateur et une boucle de retour.

En conclusion, la cybernétique est une science interdisciplinaire qui permet de comprendre et maîtriser les systèmes d'information. Elle constitue un enjeu majeur du 21ème siècle. Le type de société qui émerge aujourd’hui dans les pays industrialisés découle directement des applications de la cybernétique: processus de robotisation de la production, réseaux financiers mondialisés, nouvelles méthodes de management et d’organisation de l’entreprise, réseaux de communication et réseaux informatique.

 

d) La notion de feedback appelée aussi rétroaction

Le feedback est un concept fondamental de la cybernétique. La notion de feedback a une origine biologique. Il est introduit vers les années 30, grâce aux travaux théoriques de Cannon (biologiste américain).

Le processus de rétroaction tel que développé par Wiener est un mécanisme qui contrôle les opérations de fonctionnement d’une machine. Il est avant tout un processus de pilotage qui émerge d’abord dans le domaine de l’aviation avant de s’étendre aux autres domaines.

L'action d'un élément sur un autre entraîne en retour une réponse (rétroaction ou "feedback") du second élément vers le premier. On dit alors que ces deux éléments sont reliés par une boucle de feedback (ou boucle de rétroaction). Il est l’outil permettant la communication puisqu’il y a en fait un échange d’informations entre un émetteur et un récepteur.

L’objectif de Norbert avec la cybernétique est d’étudier les phénomènes de rétroaction dans les machines et les organismes vivants.

 

 

 

Dans une machine donnée, la rétroaction est la réaction de la grandeur de sortie de la boite noire de cette machine sur sa grandeur d'entrée selon un processus de bouclage, quelles que soient les perturbations externes.

Un système cybernétique équilibré a pour propriété de se réguler automatiquement. On parle alors d’autorégulation.

La notion de « rétroaction » soustend l’idée que l’être vivant n’est plus une entité biologique qui agit mais un être communicant qui réagit.

Prenons pour exemple, une personne en apprentissage : une rétroaction (information fournie à l’apprenant sur sa performance dans le but de l’aider dans son cheminement d’apprentissage) sur la première production de l’apprenant peut provoquer une réflexion proactive. Cette réflexion proactive met en place les éléments d’une seconde production, qui sera suivie d’une autre rétroaction et ainsi de suite… La rétroaction nourrit l’apprentissage et fait avancer l’apprenant. La rétroaction est au cœur de l’apprentissage.

Pour conclure, le concept de feedback est essentiel puisqu’il rend possible le contrôle constant requis pour la bonne transmission du message de même que pour poser les réajustements qui peuvent s’imposer à un ou plusieurs points du circuit de communication.